lundi, mai 28, 2012

Voir rouge...

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Petite, en France, je me souviens encore de ces diners de famille qui viraient en bataille dès que la conversation tournait autour de la politique. 

Gauche, droite. Cela parlait, cela parlait et cela s’engueulait…

Petite fille de 7 ans, je n’y comprenais rien. Comment des adultes supposément sensés pouvaient ainsi perdre les pédales pour une question de droite ou de gauche? 

Cela dépassait mes compréhensions autant que cela m’énervait.

À l’époque, déjà, sans m’en rendre compte, je rêvais de conversations pacifiques et profondes. Je rêvais de fins de dîners où tout le monde sortirait de table avec le sourire d’un bon dessert et du bon moment passé ensemble. 

Pas à ces au-revoir amers remplis de malaises, avec de la colère plein les yeux, et une gueule de cent pieds de long. Bonjour l'ambiance! Toute petite, la politique m'a rebutée pour l'effet qu'elle avait sur les adultes...

En ce temps là, en ma petite caboche révoltée, politique rimait avec non-harmonie. Je ne voulais rien savoir de la politique…

En grandissant, même si j’ai bien fini par comprendre le principe de droite et de gauche, je m’en suis toujours tenue éloignée. J’aimais la liberté avant tout et je voulais d'abord étudier le genre humain. Histoire de mieux comprendre cette race qui était mienne...

En vieillissant, j’ai décidé que l’équilibre était un mode de vie pertinent. Ni la droite ni la gauche ne sont jamais arrivés à me toucher. Le milieu, il est où le milieu? Gauche, droite. Noir, blanc. Et les zones grises alors?

Aussi j’ai décidé que je serais apolitique. Après tout, il y a bien des athées qui se respectent et que l’on respecte. Si je crois en certaines spiritualités mais pas en aucune politique, alors être apolitique me semble logique…

Des racines et des ailes

J’ai immigré au Québec, à Montréal, à l’âge de 14 ans.  En pleine adolescence. Ah! Que je t’ai aimée Montréal... 

Puis à mesure que j’ai pris racines en ces latitudes nordiques, à mesure que mon affection pour ce pays d’adoption a grandi, j’ai voulu connaitre le Québec. J’ai alors réalisé que le Québec, c’était bien plus que Montréal. Je suis partie.

Coté études,  j’ai décroché, j’ai voyagé, j’ai inspiré de grosses bouffées de liberté. J'ai suivi des chemins hors des sentiers battus. Je me suis mariée, j’ai réfléchi, j’ai raccroché. 

Je me suis ainsi retrouvée à l’université Laval de Québec. En couple. Lui dans un pavillon et moi dans un autre. Rendu là, je comprenais si bien le Québec que les touristes français ne me reconnaissaient plus. Ce qui avait le don d'interloquer mes amis québécois...

Rendu là, même si je resterai une minorité auditive à vie, je suis chez moi au Québec. Intégrée. En mon cœur, je suis québécoise. Avec des racines françaises certes, mais si bien implantée en ce terreau fertile qu’est le Québec que la France n'est plus qu'un souvenir lointain. Un souvenir d'enfance...

Avec le temps (un quart de siècle), je suis devenue québécoise en mon cœur sinon en mon sang. Vivant en un coin de brousse entre lac et forêt. Non loin de cette capitale nationale qui n’est pas sans me faire penser au village d’irréductibles gaulois…

En montréalaise que j’étais j’ai appris à aimer et à apprécier la ville de Québec. Et j’aime le Québec en son entier, ses grands espaces, sa nature sauvage, ses gens, son accent et son Histoire. 

Hybride, je suis devenue. Avec ma langue comme patrie. Comment ne pas tomber en amour avec ce bastion francophone qui m’a adopté et accepté en son sein? J'aime le Québec mais je n’aime toujours pas la politique…

À mes sens, une société éduquée est une société riche. Valorisons-nous la richesse intellectuelle à sa juste valeur? C'est une question qui me revient souvent en tête...

Étudier ne veut pas dire devenir riche pour tous mais étudier c'est s'endetter pour tous...

Mon homme n’est jamais vraiment sorti de l’université Laval. Après son Bacc, il a trouvé une job respectable sur le campus. Il s’y plait bien. Il n’a pas un salaire à tomber par terre mais il aime ce qu’il fait, il aime son environnement de travail, il s’y épanouit.

Pendant ce temps son artiste de femme, pigiste de son état, continue sa bohème intellectuelle. Écrire, piger, materner. Pas de quoi enthousiasmer ma banquière! Mais de quoi nourrir mes neurones...

En tant que couple, nous avons commencé notre vie « adulte » avec 30 000 dollars de dettes. 30 000 dollars de dettes et rien d’autre dans nos poches qu’un diplôme universitaire chacun.

Un diplôme qui ne nous rendra jamais riche. Mais une réelle dette à rembourser. 300$ par mois pendant des années et des années et des années. Ceci est une réalité qui semble peu comprise de ceux qui ne la vivent pas. Et je ne parlerai pas des taxes et impôts! Un tout autre sujet...

Alors revenons à nos moutons:  le prix de l’université. Prenons l'exemple d'un étudiant de classe moyenne qui travaille pendant ses études et qui s'endette tout à la fois.

Un étudiant normal qui vit en appartement et qui n'a pas des parents richissimes derrière lui. Un étudiant qui mange des pâtes (et parfois du pain sec). Un étudiant qui étudie et qui travaille pour arriver à boucler ses fins de mois. Un étudiant qui ne part pas dans le Sud quand vient Spring Break...

Car quoi qu'en disent les mauvaises langues, ces étudiants là font aussi la norme...

Pensons à ceux là, en un futur imparfait, ceux là qui devront payer quoi? 300$ par étudiant (le double d'aujourd'hui)  de remboursement mensuel pour avoir obtenu un simple bacc? Mettez les en couple. Ils n'auront pas de quoi s'en plaindre n'est-ce pas? Après tout, quand on a l'amour, on peut vivre d'eau fraîche...

Parce-que, vraiment, y'a pas de quoi se plaindre de commencer sa vie avec un tel handicap financier n'est-ce pas? Pas de quoi en faire un scandale...

Ouais... et bien moi, si je me mets dans les chaussures de ces étudiants futuristes et bien je les plains! Marcher dans leurs chaussures me fait mal. Et c'est sans parler des multiples exemples de diplômés américains qui croulent sous les dettes d'études jusqu'à s'étouffer...

L’idée de devoir vivre ma vie actuelle et de devoir rembourser le double de ce que l’on rembourse déjà pour avoir eu le privilège d’étudier me semble si exagéré que cela me révolte…

L’option d’un salaire à 35 000$ - 40 000$ - ou même 55 000$ par année pour une matière étudiée. Le tout avec un remboursement annuel de plus de 500$ (en couple) me semble si aberrant que la peau me hérisse et voilà que je suis rouge!

Qu’on ne vienne alors pas me parler de politique mais de réalité! Car c’est pour cette réalité là que se battent les étudiants en ce printemps d’érable qui fait les manchettes…

Parlez-moi de bon sens et d'ouverture d'esprit....

Ceci sans oublier de se rappeler que sortir de l'université avec un bagage intellectuel ne veut pas obligatoirement dire avoir un emploi qui apporte la richesse sur un plateau d'argent. Étudier, cela veut parfois juste dire obtenir un emploi où l'on peut se nourrir les neurones...

Coté techno: Les manifs dans mon salon...

Sous peu en ce petit coin de Web : Miss Soleil et nos casseroles…



2 commentaires:

BlandineB a dit…

Je comprends ta et leur révolte.
Je vous soutiens dans votre indignation.

Grimimi Sue a dit…

Le conflit étudiant a amené le monde dans la rue...jeunes et vieux se sont unis pour protester. La loi 78 a même fait sortir les juristes et les casseroles font la fête. Le monde en a marre... Enfin, les québécois/ses vomissent leur mécontentement.